Résumé
Septembre 1945. René Valenton, officier du Renseignement, quitte Londres après huit ans de bons et loyaux services pour être affecté dans la Zone d’Occupation Française en Allemagne (ZOF, capitale Baden-Baden). Il assiste à l’étonnant retournement qui voit les Français occuper un pays dont ils viennent de subir le joug. Une Allemagne dévastée jouxte une France exsangue. Pour les Allemands, c’est un amer destin de servir un maître qui a faim. Pour les Français, c’est tantôt une parenthèse enchantée, tantôt un panier de crabes. Valenton vit le quotidien de l’Allemagne « année zéro » : certains se vengent des Boches, d’autres se vengent de la vie. Tous découvrent que l’après-guerre, ce n’est pas la paix retrouvée. Violence, combines et trafics, traque ou recyclage de nazis, jeux politiciens et règlements de comptes, survie et amours interdites, conflits entre Alliés et prémisses de la Guerre froide : la ZOF est une étrange planète. Valenton y croise des salauds et des gens formidables, parmi lesquels Edgar Morin.
Mon avis
Tout d’abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Le Cherche Midi pour l’envoi du roman et de me permettre ainsi de participer au masse critique.
J’ai choisi de lire ce livre parce que j’ai toujours aimé les récits de guerre, regarder des reportages sur la guerre, etc. Et j’ai récemment réalisé que tout ça me paraissait loin. Alors je me rattrape, en lisant des romans sur le sujet.
L’histoire s’ouvre sur la famille de René Valenton, plus précisément sur sa maman qui est convoquée auprès d’un officier allemand. Ce dernier lui fait comprendre qu’il est assez fâcheux que l’un de ses fils soit du côté des résistants. En tant que lecteur, nous comprenons que ça ne sent pas très bon pour la famille du personnage principal.
Nous suivons ensuite René Valenton qui revient en France après 8 ans d’absence. Cela fait deux ans que la France a été libérée de l’occupation allemande. Revenir dans son pays d’origine lui fait un choc : il réalise ce que les bombardements ont engendré. Des bombardements dont il a été lui-même l’auteur.
Valenton pense pouvoir enfin se consacrer à la recherche de sa famille. Mais non : à peine le pied posé sur le sol français, il est emmené près de son supérieur qui l’envoie en Allemagne. Il faut montrer aux Allemands qui commande à présent.
C’est tout ce que je peux raconter de l’histoire… J’ai eu du mal à rentrer dedans, je suis restée en surface du récit, du début à la fin. Je ne saurais dire pourquoi…
L’histoire est bien racontée, l’auteur connait bien son sujet. J’ai appris plein de choses ! Mais rien à faire, je n’ai rien suivi, rien retenu, du récit.
J’ai un peu la sensation de ne pas avoir ressenti le schéma narratif (les éléments déclencheurs, etc.). J’ai l’impression de n’avoir lu que des péripéties. Le gars va en Allemagne, il va ici et là, fait ci et ça, mais voilà, on ne sait pas où l’auteur veut nous mener.
J’aurais aimé que l’histoire soit plus centrée sur les recherches de Valenton par rapport à sa famille. Je n’ai rien ressenti à son encontre, aucune empathie, rien. Par moment, on nous rappelle que sa famille a disparu, mais ça ne va pas plus loin que ça. Jusqu’à la fin. C’est Valenton qui raconte l’histoire, et puis d’un coup, on a toutes les explications se rapportant à sa famille, racontées d’un point de vue omniscient, c’était un peu déroutant au début de ce chapitre, on ne sait plus qui est en train de raconter l’histoire.
Justement, la question de savoir qui parle, abordons le sujet des dialogues ! On sait qui engage la conversation, et puis on n’a pas de rappel. On ne sait plus qui dit quoi. Il n’y a aucune narration au sein des dialogues, pas même un « dit-il en écrasant sa cigarette », par exemple.
J’ai eu du mal à cerner Valenton aussi. Il est horrifié par le traitement infligé aux Allemands, mais il peut tuer quelqu’un de sang froid. Peut-être était-ce un nazi, c’est possible. Il fait la distinction entre les deux, ce qui n’est pas le cas de tout le monde.
Malgré tous ces aspects négatifs, j’ai beaucoup aimé ce livre pour sa partie historique. J’avoue ne jamais m’être demandé comment ça s’est passé après la guerre. On connait les images de la Libération, avec tous ces visages joyeux, ces soldats que l’on accueille comme des héros. Mais comment ça s’est passé après ça ?
Et j’ai beaucoup aimé cet aspect-là. J’ai pu me rendre compte que les pays ne se sont pas reconstruits en deux jours. Après deux ans de libération, la France portait encore les marques des bombardements.
Certaines personnes ne croient pas aux camps de concentration. Pour elles, c’est impensable, inconcevable. Ce que je peux tout à fait comprendre !
J’ai été horrifiée de voir comme les gens pouvaient considérer tous les Allemands comme de la merde. Ce n’est pas parce qu’un fou a pu prendre le pouvoir et déporter des gens que tous les Allemands sont systématiquement pareils ! Mais les gens s’en fichent, ils ne distinguent rien ni personne. L’Allemand, c’est le Mal.
J’ai aussi été assez choquée par le traitement infligé aux nazis. Dans le roman, l’auteur relate des chasses à l’homme, dans les bois, juste histoire de s’amuser en butant des nazis. Je peux comprendre qu’ils l’aient mérité, vu ce qu’ils ont fait, mais en réalité, les Français et autres nationalités qui ont participé à ça ne valaient pas mieux que les nazis, dans un sens.
Je ne savais pas non plus qu’il y avait des tensions entre les Français et les Américains. Dans ma tête, on était tous unis pour se libérer de la guerre. Faut croire que non !
Pour conclure, je n’ai pas été emportée par le récit. Mais historiquement parlant, c’était vraiment très intéressant.
Je vous partage des extraits que j’ai vraiment appréciés :
« Parcourue à hauteur d’homme, une ville frappée par les bombardements ou les combats est toujours impressionnante. Mais la différence entre une ville détruite et une ville défaite ne se mesure pas aux tas de gravats le long des rues défoncées, aux cratères dans les chaussées, aux quartiers soufflés, aux conduites d’eau éclatées ou aux monuments effondrés. Elle se ressent dans le regard de ses habitants. Quand il y en a encore… »
« Depuis mon retour d’Angleterre, je mesure la monstruosité d’une apocalypse dont j’étais loin d’imaginer l’ampleur lorsque j’étais à Londres. Une dévastation intérieure : la haine. Partout. Elle a tout submergé. La mort suinte des mots comme des actes. Chacun a de bonnes raisons d’assouvir sa vengeance. La paix des armes n’est pas la paix des âmes. »
Note
❤️❤️/5