Romans historiques

« ZOF 1945 », Jean-Christophe Berthain

ZOF 1945 | Lisez!

Résumé

Septembre 1945. René Valenton, officier du Renseignement, quitte Londres après huit ans de bons et loyaux services pour être affecté dans la Zone d’Occupation Française en Allemagne (ZOF, capitale Baden-Baden). Il assiste à l’étonnant retournement qui voit les Français occuper un pays dont ils viennent de subir le joug. Une Allemagne dévastée jouxte une France exsangue. Pour les Allemands, c’est un amer destin de servir un maître qui a faim. Pour les Français, c’est tantôt une parenthèse enchantée, tantôt un panier de crabes. Valenton vit le quotidien de l’Allemagne « année zéro » : certains se vengent des Boches, d’autres se vengent de la vie. Tous découvrent que l’après-guerre, ce n’est pas la paix retrouvée. Violence, combines et trafics, traque ou recyclage de nazis, jeux politiciens et règlements de comptes, survie et amours interdites, conflits entre Alliés et prémisses de la Guerre froide : la ZOF est une étrange planète. Valenton y croise des salauds et des gens formidables, parmi lesquels Edgar Morin.

Mon avis

Tout d’abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Le Cherche Midi pour l’envoi du roman et de me permettre ainsi de participer au masse critique.

J’ai choisi de lire ce livre parce que j’ai toujours aimé les récits de guerre, regarder des reportages sur la guerre, etc. Et j’ai récemment réalisé que tout ça me paraissait loin. Alors je me rattrape, en lisant des romans sur le sujet.

L’histoire s’ouvre sur la famille de René Valenton, plus précisément sur sa maman qui est convoquée auprès d’un officier allemand. Ce dernier lui fait comprendre qu’il est assez fâcheux que l’un de ses fils soit du côté des résistants. En tant que lecteur, nous comprenons que ça ne sent pas très bon pour la famille du personnage principal.

Nous suivons ensuite René Valenton qui revient en France après 8 ans d’absence. Cela fait deux ans que la France a été libérée de l’occupation allemande. Revenir dans son pays d’origine lui fait un choc : il réalise ce que les bombardements ont engendré. Des bombardements dont il a été lui-même l’auteur.

Valenton pense pouvoir enfin se consacrer à la recherche de sa famille. Mais non : à peine le pied posé sur le sol français, il est emmené près de son supérieur qui l’envoie en Allemagne. Il faut montrer aux Allemands qui commande à présent.

C’est tout ce que je peux raconter de l’histoire… J’ai eu du mal à rentrer dedans, je suis restée en surface du récit, du début à la fin. Je ne saurais dire pourquoi…

L’histoire est bien racontée, l’auteur connait bien son sujet. J’ai appris plein de choses ! Mais rien à faire, je n’ai rien suivi, rien retenu, du récit.

J’ai un peu la sensation de ne pas avoir ressenti le schéma narratif (les éléments déclencheurs, etc.). J’ai l’impression de n’avoir lu que des péripéties. Le gars va en Allemagne, il va ici et là, fait ci et ça, mais voilà, on ne sait pas où l’auteur veut nous mener.

J’aurais aimé que l’histoire soit plus centrée sur les recherches de Valenton par rapport à sa famille. Je n’ai rien ressenti à son encontre, aucune empathie, rien. Par moment, on nous rappelle que sa famille a disparu, mais ça ne va pas plus loin que ça. Jusqu’à la fin. C’est Valenton qui raconte l’histoire, et puis d’un coup, on a toutes les explications se rapportant à sa famille, racontées d’un point de vue omniscient, c’était un peu déroutant au début de ce chapitre, on ne sait plus qui est en train de raconter l’histoire.

Justement, la question de savoir qui parle, abordons le sujet des dialogues ! On sait qui engage la conversation, et puis on n’a pas de rappel. On ne sait plus qui dit quoi. Il n’y a aucune narration au sein des dialogues, pas même un « dit-il en écrasant sa cigarette », par exemple.

J’ai eu du mal à cerner Valenton aussi. Il est horrifié par le traitement infligé aux Allemands, mais il peut tuer quelqu’un de sang froid. Peut-être était-ce un nazi, c’est possible. Il fait la distinction entre les deux, ce qui n’est pas le cas de tout le monde.

Malgré tous ces aspects négatifs, j’ai beaucoup aimé ce livre pour sa partie historique. J’avoue ne jamais m’être demandé comment ça s’est passé après la guerre. On connait les images de la Libération, avec tous ces visages joyeux, ces soldats que l’on accueille comme des héros. Mais comment ça s’est passé après ça ?

Et j’ai beaucoup aimé cet aspect-là. J’ai pu me rendre compte que les pays ne se sont pas reconstruits en deux jours. Après deux ans de libération, la France portait encore les marques des bombardements.

Certaines personnes ne croient pas aux camps de concentration. Pour elles, c’est impensable, inconcevable. Ce que je peux tout à fait comprendre !

J’ai été horrifiée de voir comme les gens pouvaient considérer tous les Allemands comme de la merde. Ce n’est pas parce qu’un fou a pu prendre le pouvoir et déporter des gens que tous les Allemands sont systématiquement pareils ! Mais les gens s’en fichent, ils ne distinguent rien ni personne. L’Allemand, c’est le Mal.

J’ai aussi été assez choquée par le traitement infligé aux nazis. Dans le roman, l’auteur relate des chasses à l’homme, dans les bois, juste histoire de s’amuser en butant des nazis. Je peux comprendre qu’ils l’aient mérité, vu ce qu’ils ont fait, mais en réalité, les Français et autres nationalités qui ont participé à ça ne valaient pas mieux que les nazis, dans un sens.

Je ne savais pas non plus qu’il y avait des tensions entre les Français et les Américains. Dans ma tête, on était tous unis pour se libérer de la guerre. Faut croire que non !

Pour conclure, je n’ai pas été emportée par le récit. Mais historiquement parlant, c’était vraiment très intéressant.

Je vous partage des extraits que j’ai vraiment appréciés :

« Parcourue à hauteur d’homme, une ville frappée par les bombardements ou les combats est toujours impressionnante. Mais la différence entre une ville détruite et une ville défaite ne se mesure pas aux tas de gravats le long des rues défoncées, aux cratères dans les chaussées, aux quartiers soufflés, aux conduites d’eau éclatées ou aux monuments effondrés. Elle se ressent dans le regard de ses habitants. Quand il y en a encore… »

« Depuis mon retour d’Angleterre, je mesure la monstruosité d’une apocalypse dont j’étais loin d’imaginer l’ampleur lorsque j’étais à Londres. Une dévastation intérieure : la haine. Partout. Elle a tout submergé. La mort suinte des mots comme des actes. Chacun a de bonnes raisons d’assouvir sa vengeance. La paix des armes n’est pas la paix des âmes. »

Note

❤️❤️/5

Romans historiques

« L’affaire Collini », Ferdinand von Schirach

L'affaire Collini - Du monde entier - GALLIMARD - Site Gallimard

Il est difficile de classer ce roman… je le mettrais dans les romans historiques. Je tiens à préciser que « L’affaire Collini » est une fiction, cette affaire n’a pas existé (j’ai cru, mais non). Ce livre relate néanmoins les conséquences d’une loi allemande qui existe vraiment (ou a vraiment existé), d’où mon choix pour le placer dans ce genre.

Résumé

Hans Meyer, une personnalité respectée de la haute société allemande, est sauvagement assassiné dans sa chambre d’hôtel à Berlin. Quand le jeune avocat Caspar Leinen est appelé pour servir de commis d’office, il rencontre l’assassin présumé, un certain Fabrizio Collini. Il ne comprend pas comment cet ancien ouvrier de chez Mercedes, en apparence un homme sans histoire, pourrait être lié au grand industriel octogénaire, et pourquoi il aurait voulu le tuer. Surtout que Collini se mure dans le silence…
Leinen est d’autant plus troublé que Hans Meyer était aussi le grand-père de son meilleur ami. Quand il commence ses recherches pour défendre son client, il ne se doute pas qu’elles le mèneront au cœur d’un chapitre particulièrement sombre de l’Histoire allemande, dont l’affaire Collini constitue simplement l’épilogue…

Mon avis

C’est en allant voir « Psychose » au cinéma que nous avons vu, mon conjoint et moi, la bande annonce du film « L’affaire Collini ». Devinant un certain sujet dans le film, nous avons tout de suite été intéressés, et le vendredi suivant, nous allions le voir au cinéma ! C’est seulement lors du générique de fin que nous avons capté qu’il s’agissait d’une adaptation.

Ce film m’a fait l’écho d’une grosse claque, j’étais sidérée lors des scènes finales. Je me suis dit que le roman serait d’autant plus percutant. Je n’ai pas pu attendre avant d’acheter et de lire ce livre !

Le roman s’ouvre sur l’assassinat de Hans Meyer par Fabrizio Collini. Ce dernier le tue de 4 balles dans la tête, avant de le défigurer en shootant dans son visage. L’assassinat, est violent, mais c’est relaté d’une manière « soft », je dirais. On ne vomit pas devant les descriptions.

Par après, on suit Leinen, avocat depuis à peine quelques mois (la bande annonce du film dit 3 mois, et je crois que c’est un mois dans le bouquin). Le jeune homme est commis d’office auprès de Collini afin de le défendre pour le meurtre de Jean-Baptiste Meyer. Ce n’est qu’après le coup de fil de Johanna, la petite fille de la victime, que Leinen réalise que Jean-Baptiste Meyer n’est autre que Hans Meyer (l’explication des prénoms est relatée dans le roman). Ce dernier a été comme un père pour Leinen ! Il hésite à continuer à représenter son assassin. Il essaye donc de s’en défaire, mais Mattinger, l’avocat de la partie civile et ancien prof de droit pénal de Leinen, lui fait remarquer qu’un avocat, qu’il connaisse la victime ou pas, doit défendre son client. J’ai trouvé ça assez particulier. Un policier ne peut pas enquêter sur le meurtre d’une connaissance, mais un avocat peut défendre quelqu’un malgré ses affinités… Leinen décide de rester.

L’histoire passe. On suit le procès, reporté à cause d’un des jurés qui tombe malade. Collini ne veut pas être défendu. Comment défendre quelqu’un qui veut se faire condamner ? Collini avoue le meurtre auprès de son avocat, mais il ne veut pas en donner les raisons. C’est avec l’arme du crime que Leinen a un déclic. Une arme utilisée durant la deuxième guerre mondiale. L’avocat décide d’enquêter auprès des archives allemandes. Ce qu’il va découvrir ne va que renforcer sa défense. Les critiques Babelio en parlent, je me permets de le dire. Sautez ces prochaines phrases si vous ne voulez rien savoir… Hans Meyer était un SS allemand, du temps de la guerre. Et c’est dingue parce que dans les flashbacks, on découvre un grand-père ultra sympa, aux petits soins. Comment a-t-il pu être un monstre pareil ?!

Je n’aurais jamais cru dire ça un jour, mais j’ai préféré le film au livre… Le film a été réalisé de manière à ce que l’histoire soit plus choquante, plus spectaculaire. Les raisons qui ont poussé Collini à tuer Meyer, dans le film, m’ont laissée complètement bouche bée. Dans le livre, ses raisons sont aussi valables, ce qu’il a vécu est horrible, mais c’est empiré dans le film. Les raisons ne sont pas du tout les mêmes dans le livre et dans le film. Enfin si, elles se rejoignent, mais les faits sont différents. Le livre est moins percutant de ce côté-là. C’est ça qui m’a déçue dans ma lecture, je dirais.

Même au niveau des flashbacks, j’ai été plus séduite avec le film. Je cernais mieux les relations des personnages. Et en vérité, le roman va vraiment à l’essentiel, je pense que le film a rajouté des flashbacks, et même des personnages. L’histoire a été pas mal modifiée, en vérité.

Si on met ça de côté, le roman est intéressant. On suit un avocat et un procès avec des mots simples. L’auteur est lui-même avocat, et il arrive à nous relater tout ça avec un langage qui permet au sujet d’être accessible à tout le monde.

Le roman vise à dénoncer une certaine loi qui a permis à plusieurs nazis d’échapper à une condamnation. C’est judicieux… et vicieux.

Si vous êtes fan de droit, de procès, etc., ce livre est fait pour vous. Si vous aimez l’Histoire, le livre est aussi historiquement intéressant.

Je n’aurais probablement pas dû voir le film avant, mais dans les deux cas, le sujet reste percutant.

Cliquez ici pour découvrir la bande annonce du film

Note

⚖️⚖️⚖️/5